Les scientifiques ont découvert que les produits ménagers quotidiens, tels que les savons, les peintures et les parfums, sont à l’origine de presque autant de pollution atmosphérique que les voitures et les industries réunies.
La plupart des polluants atmosphériques proviennent de l’extraction, du raffinage et de l’utilisation de combustibles fossiles. Ces polluants comprennent des centaines de composés différents que les scientifiques regroupent dans ce qu’ils appellent les composés organiques volatils (COV). “Une fois qu’ils sont émis dans l’atmosphère, ils peuvent entraîner la formation d’ozone troposphérique et de particules, qui sont tous deux nuisibles à la santé humaine”, explique Jessica Gilman, chimiste atmosphérique à la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis et auteur de la nouvelle étude. Cependant, ces dernières années, les produits ménagers sont devenus une source plus importante de pollution atmosphérique, rapporte l’équipe dans le numéro d’aujourd’hui de la revue ¨Science¨.
Ils ont fait des observations similaires pour l‘isopropanol, ou l’alcool à brûler, et l’acétone, le principal ingrédient des dissolvants pour vernis à ongles, et toute une série d’autres produits chimiques présents dans les produits de tous les jours comme les savons, la peinture murale, l’encre d’imprimante, les parfums et les pesticides.
Les résultats sont importants et surprenants, déclare Albert Presto, spécialiste des sciences atmosphériques à l’université Carnegie Mellon. “Nous sommes tous conditionnés à penser que le trafic et l’industrie sont les principaux responsables de la pollution atmosphérique et des polluants. Or, cette étude nous dit : “Attendez un peu, une grande partie de ces polluants sont en fait des substances que nous utilisons à l’intérieur de nos maisons”.
Ces substances à usage domestique sont devenues les principales sources de pollution parce que les voitures sont devenues moins polluantes de nos jours, explique Jonathan Levy, expert en santé environnementale à l’université de Boston. “À mesure que les sources liées au trafic diminuent, les autres sources deviennent de plus en plus importantes au fil du temps”. La pollution de l’air reste l’une des principales causes de la charge de morbidité dans le monde.
“L’ozone peut faire des choses comme aggraver l’asthme, déclencher des crises d’asthme”, explique Janice Nolen, vice-présidente adjointe de la politique nationale de l’American Lung Association. “Il peut aussi tuer des gens, il peut raccourcir la vie”. L’exposition aux matières particulaires a des effets nocifs semblables sur la santé.
Donc, la nouvelle étude selon M. Presto, a des implications pour réduire davantage la pollution de l’air, en particulier pour les villes qui ont du mal à respecter les normes de pollution atmosphérique, comme Los Angeles, qui a l’un des niveaux d’ozone les plus élevés du pays. “La pollution des voitures est limitée”, explique-t-il. “Peut-être que le moyen de ramener l’ozone en dessous des limites fédérales est de réduire les émissions à l’intérieur des bâtiments.”
La nouvelle étude suggère que nous avons besoin de “certaines mesures nationales pour aider à réduire les émissions” de ces substances d’usage quotidien, déclare M. Nolen.